En arrivant à Antartiko, j’ai ressenti une émotion particulière. Ce lundi 13 juin 2022 marque non seulement mon entrée en Grèce, mais aussi un moment symbolique fort : à cet endroit précis, je me trouvais exactement à mi-chemin, à vol d'oiseau, entre mon atelier parisien et la ville de Mardin en Turquie, avec exactement 1734 km de chaque côté. Pourtant, en termes de distance effectivement parcourue, j'étais déjà bien au-delà du milieu : environ 2700 km me séparaient de Paris, contre à peine plus de 2000 km restants vers Mardin. Ce décalage vient des détours et des méandres des routes précédemment empruntées, notamment à travers les Alpes.
À cet endroit précis, en Grèce, je me trouve exactement à mi-chemin, à vol d'oiseau, entre mon atelier parisien et ma destination finale : la ville de Mardin, en Turquie. La distance qui sépare ces deux points est de 1734 km. Cette vidéo à 360° capture symboliquement ce moment symbolique de mon périple.
Cette journée, relativement douce par rapport à d'autres étapes, comportait environ 21 km entre Bilisht en Albanie et Antartiko en Grèce. Le franchissement de cette frontière avait aussi une signification particulière : un retour symbolique dans l’Union Européenne. La frontière était surveillée attentivement, et dès que j’ai commencé à inscrire mon 88ème passage de la Convention de Genève sur un support frontalier, un garde s’est immédiatement approché pour me questionner. Après quelques explications, il m’a laissé poursuivre calmement mon travail, observant discrètement mon installation.
Une fois arrivé à Antartiko, mon arrêt fut la Villa Rosa, une auberge-restaurant qui marqua immédiatement le changement culturel malgré la proximité géographique avec l’Albanie. Ici, tout semblait différent : la musique, les voix, les gestes des habitants, créant une atmosphère typiquement grecque. J’ai choisi cet endroit principalement pour la disponibilité du Wi-Fi, indispensable à la documentation de mon passage. Après avoir obtenu l’accord chaleureux de la patronne, j'ai inscrit mon 89ème passage de la Convention de Genève sur une plaque métallique à l'entrée de l'établissement. Ce geste, loin d’être une simple trace, s’intègre pleinement à mon témoignage direct et au sens de mon périple artistique.
89e passage de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés inscrit en braille sur une plaque métallique à l'entrée de l'auberge Villa Rosa à Antartiko en Grèce. Ici précisément : 40°45'54.7"N 21°12'27.4"E. Est écrit : «…e d'être persécutée; ou (5) Si, l… ».
La Villa Rosa était animée lors de mon arrivée, en plein service, avant de redevenir rapidement calme une fois le coup de feu passé. Les contraintes techniques dues à la connexion internet limitée ont guidé mon installation temporaire sur la terrasse, où j’ai passé près de deux heures à travailler : éditer mon site, actualiser mes publications, et rédiger mes notes journalières.
Cette étape marque donc un basculement symbolique et physique, avec la traversée d’une frontière à la fois géographique et culturelle. Chaque panneau, chaque virage, chaque montée et descente sur cette route me rappelle que ce chemin est un organisme vivant, vibrant d’informations et d’expériences sans cesse renouvelées.
RD