🥾 Étape 11 sur 13 | ⬅️ Étapes précédentes — Étapes suivantes ➡️
Sensation physique :🌥️ → ☀️ fatigue pleine, douce et rayonnante
Climat intérieur : 🎈 → 🌬️ inspiration profonde, flottement réflexif, exaltation posée
Rencontres :
Nathalie, l’hôte discrète et bienveillante
Une série d’odeurs, devenues presque dialogues : bouton d’or, herbe, foin, trace d’animal
Objets récoltés :
Chouchou noir sec (inhalation de poussière et de souvenir)
Chouchou rose fleuri (Fleur de Retour)
Pierre étrange trouvée à 233 m d’altitude, vers La Chapelle-Auchasse
Activation d’une sculpture involontaire : Les Lames du Temps (fer rouillé en rythme oblique)
Inattendu :
Retour sur ses pas pour récupérer un objet d’abord abandonné
Révélation olfactive liée à l’arrêt de l’alcool : la marche devient une cuisine d’odeurs
Lecture différée de l’Immortelle Randonnée de Rufin, comme mémoire-enclencheur
Idée-force :
L’air est le liant, le soleil est le feu. Le chemin est une cuisine d’odeurs.
Résonance intérieure :
« Le bouton d’or m’apprend à sentir ce qui hésite. »
Écho de la veille :
Le totem s’enrichit d’objets : de l’image vers le souffle, de la direction vers l’inhalation.
Sous un soleil franc et une chaleur sèche, cette onzième étape de 33,47 km entre Champvert et Chevagnes a été traversée comme un vaste espace d’exploration sensorielle et symbolique. Le corps a connu une montée progressive de l’effort, mais c’est à la toute fin de la journée que la fatigue s’est installée — une fatigue douce, pleine, empreinte de plénitude.
Le pas s’est calé sur une respiration plus ample, plus fine. Ce fut une marche inspirée, rythmée par des états successifs — de l’élan matinal à la méditation de fin de parcours, en passant par l’exaltation, l’ennui actif et la plénitude.
Cette journée fut marquée par une intensification olfactive. L’arrêt de l’alcool, vécu depuis plusieurs mois, a permis une réouverture de l’odorat. Le chemin est devenu cuisine : l’air, liant des odeurs ; le soleil, feu invisible. Herbe coupée, foin, fleurs, traces animales — tout se mêlait dans un ballet d’inhalations. Le terme "cuisine d’odeurs" est apparu comme métaphore centrale du jour : le nez devient passeur du réel.
Plusieurs objets ont été recueillis. Un chouchou noir, sec, odorant, semblable à une trace fossile. Puis un autre, rose, fleuri — d’abord laissé, puis repris après un retour en arrière, nommé Fleur de Retour. Il évoque un chrysanthème textile, mémoire de l’hésitation. À 233 mètres d’altitude, vers La Chapelle-Auchasse, une pierre étrange a été ramassée, analysée plus tard comme un fragment de calcaire fossilifère ou pseudo-fossile. Elle n’est pas devenue totem, mais peut-être talisman.
Mais c’est peut-être l’activation involontaire d’une sculpture de fer rouillé, découverte dans un champ, qui a marqué le sommet symbolique de l’étape. Baptisée Les Lames du Temps, cette série de plaques rouillées, rythmées, dressées comme une colonne vertébrale dans la terre, a été nommée, géolocalisée, et documentée. Le simple regard a suffi à faire œuvre. C’est un geste conceptuel et topophilique : révéler l’art latent dans les marges du territoire.
Sur le plan réflexif, plusieurs fils ont été tirés. Le triangle Désir – Projection – Action a été structuré comme dynamique interne de la performance. Le désir, fluide souterrain ; la projection, carte mentale ; l’action, friction du réel. Ce tressage permet d’ajuster la marche au-delà de l’effort, dans une justesse énergétique. Par ailleurs, la typologie des états traversés dans une journée de marche a été esquissée : impulsion, introspection, exaltation, ennui actif, fatigue méditative, contentement d’approche.
Une carte postale a été envoyée à Eva et Serge. Le totem, pointé vers La Vitrine à 57,1 km à vol d’oiseau, a scellé la direction invisible de l’œuvre. Les objets du jour ont été intégrés, la mémoire du chemin inscrite.
L’étape s’est clôturée par un accueil discret et délicat de Nathalie, une hôte bienveillante et souple, dont la douceur du message résonne avec le seuil sensible de cette journée.
RD
« Le chemin respire par mes narines. »
Le totem fleuri désigne la destination invisible : La Vitrine. Chouchou noir et Fleur de Retour noués au bambou, encadrés de boutons d’or. L’orientation précise a été captée en réalité augmentée. Cette image a été envoyée comme carte postale n°11 à Eva et Serge. Le chemin devient direction incarnée, souffle offert.
Sculpture involontaire activée lors de l'étape 11.
Alignement de fer rouillé, rythmé par l’oubli, découvert dans un champ. Baptisée Les Lames du Temps, cette forme d’épine dorsale du paysage évoque une mémoire industrielle absorbée par la terre. Elle est devenue œuvre par le simple regard. Geste conceptuel, topophilique et archéologique du réel.
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