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Sensation physique :
Je suis parti en très bonne forme, avec de grands élans de joie, notamment sur la ligne de rive où j’ai même chanté fort.
Une petite douleur est apparue dans le dos, que j’ai su corriger après une pause — mon sac à dos était mal ajusté. Après rectification, la marche s’est déroulée avec fluidité.
J’arrive à Nevers avec une légère fatigue, mais une belle clarté intérieure. ☀️ → légère brume du soir
Climat intérieur : clarté tranquille, fines résonances d’inframince — 🎈
Rencontres :
Un agent communal des espaces verts, homme de plein air, la peau tannée par les éléments, les yeux d’un bleu profond éclatant. Silencieux et pudique, il débroussaillait les herbes du bas-côté, libérant une odeur vive et fraîche dans l’air. Quelques mots échangés sur les odeurs : « l’herbe fraîche, oui... mais parfois, les orties... »
Objets récoltés : Un chouchou violet, ramassé sur une dalle texturée — deuxième de la marche (le premier, bleu nuit, trouvé à l’étape 1.
Inattendu : L’odeur de la chlorophylle libérée par la coupe, vive, presque beurrée — comme celle des boutons-d’or, évoquant une mémoire végétale diffuse.
Idée-force : La matière blessée vibre encore.
Résonance intérieure : « Tout vibre, même l’herbe décapitée. »
Écho de la veille : La pensée des seuils (La Marche, la Fosse aux Loups) se transforme ici en perception d’émanations infimes.
Aujourd’hui, entre La Charité-sur-Loire et Nevers, le chemin s’est fait ligne de rive. Je marchais en lisière, là où l’herbe cède et où l’asphalte hésite. L’air était encore frais quand j’ai surpris un agent communal, la peau tannée par les éléments, débroussailleuse à la main. Son geste décapitait les herbes hautes, et de cette blessure montait une odeur dense, chlorophyllienne, presque lactée, rappelant les fleurs jaunes des boutons-d’or.
Je marchais et, sans bruit, la matière blessée vibrait encore autour de moi.
Entre deux souffles, j'ai trouvé un chouchou violet abandonné sur une dalle — second chouchou depuis Paris. Fragile lien perdu, fragile lien retrouvé.
Sur la ligne de marche, je me suis souvenu : même dans l’éclair d'une coupe, même dans l'arrachement, la matière murmure encore. Jane Bennett l'avait pressenti : tout vibre, même l'herbe décapitée. Ce que l'on croit mort porte encore, silencieusement, sa charge d'élan.
Aujourd’hui, entre fatigue et chant, douleur dorsale corrigée par un simple ajustement du sac, la marche s’est faite oscillation entre finitude et infinitude, comme une courbe invisible que je continue à suivre, sans jamais en toucher les bords.
RD
« Tout vibre, même l’herbe décapitée. »
Entrée dans la commune de La Marche, le 29 avril 2025 à 07h46.
Capture réalisée au bord de la D907, cap au sud-est (147°), à 165 m d’altitude.
Le bâton pointe vers l’invisible, la boussole s’aligne. Je marche dans la Marche, et la Marche marche en moi.
Panneau “Village Étape” croisé à l’entrée de Pougues-les-Eaux, mardi 29 avril 2025 à 09h48. Latitude 47.0837°N, longitude 3.0154°E.
Le bâton-totem s’appuie sur le poteau : lieu de passage, mais aussi de désignation. Le village devient seuil quand la jambe le reconnaît.
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