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Sensation physique dominante :
Douleurs diffuses dans la nuque, les épaules, le bas du dos dans les derniers kilomètres (🌧️ → ❄️).
Pieds engourdis par le froid et l’humidité. Corps trempé jusqu’à l’os. Mais tenue, portée.
Pas de souffrance : une douleur transmutée, acceptée, presque savourée.
Joie de traverser, malgré tout.
État émotionnel :
Un sentiment mêlé d’épreuve et de grâce (🎈 → 🪨 → 🎶).
Gratitude chantée sous la pluie, invocation d’une transformation des éléments en énergie créatrice.
Un calme profond, solide, comme un feu sous l’eau.
Rencontres marquantes :
Après près de trois heures de marche dans la boue et la pluie, arrêt salvateur dans un bar-tabac de village — lieu d’habitués peu accoutumé aux marcheurs de passage. Un café chaud, quelques mots polis échangés, une humanité discrète. Plus tard, halte dans un McDonald’s à l’entrée de Nemours. Foule inattendue de couples âgés, seuls, paisibles, partageant un moment dans cet antre impersonnel devenu rituel. Dialogue furtif aussi devant une pharmacie, le temps d’un dentifrice et d’un sourire.
Objet(s) ou artefact(s) collecté(s) :
Quatre élastiques aujourd’hui : trois noirs, un gris. Récoltés trempés, assouplis, presque fondus dans l’asphalte. Le vent les a peut-être déplacés jusqu’à moi. Tension relâchée, lien jeté.
Scène ou événement inattendu :
Le chant qui surgit dans la plaine battue de vent et de pluie. Puis cette image saisissante : un McDonald’s habité par le calme de couples âgés, comme une zone suspendue hors du tumulte. Enfin, l’éclaircie dorée qui a fendu le ciel juste avant l’arrivée.
Idée-force : Traverser la plaine, c’est marcher sans abri dans le réel nu.
Résonance intérieure : « La plaine ne ment pas. Elle expose. »
Écho de la veille : Après les lignes fractales du sol forestier, la ligne droite du vent.
La journée fut une traversée liquide et nue. Forêt détrempée d’abord, sentiers gorgés, pluie tenace. J’ai marché des heures dans la boue, les pieds engourdis, la nuque en tension, le dos traversé par l’eau. Puis, soudain, la forêt s’ouvre. C’est la plaine. Un champ d’exposition. Rien pour s’abriter, rien pour fuir. Seulement le réel, vaste, frontal, habité par le vent. Là, j’ai senti une autre épreuve : celle du monde sans détour. Je marchais, frigorifié, mais vivant. J’ai chanté. J’ai offert des gratitudes au ciel, à la pluie, au vent — qu’ils deviennent énergie, qu’ils traversent et transmutent.
Après plus de deux heures de marche, un café dans un bar-tabac de village : lieu d’habitués peu habitué aux passants. Un café chaud, un silence poli. Pause brève, vitale. Puis Nemours, à dix kilomètres de l’arrivée. Halte au McDonald’s : surprenant théâtre de couples âgés, seuls, tranquilles, partageant leur rituel dans un lieu impersonnel devenu cocon. Une humanité discrète traverse les jours comme je traverse les plaines.
Aujourd’hui, j’ai collecté quatre élastiques — trois noirs, un gris — détrempés et assouplis. Objets jetés, devenus liens. Avant Souppes, une éclaircie a ouvert le ciel : lumière tranchant la brume jaune des colzas. J’ai su alors que marcher, c’est parfois accepter de devenir horizon. Ne pas fuir. Juste être traversé.
RD
« La plaine ne ment pas. Elle expose. »
📍 Localisation : Canal du Loing, commune de Montigny-sur-Loing, Seine-et-Marne
En bord du canal du Loing, à 15h23, le Cueilleur d’Inframince est tenu droit comme une antenne vers le Sud-Est, dans un corridor de verdure humide. Cette image, envoyée comme carte postale du jour, capte la tension entre l’eau tranquille et le corps trempé. À 239 km de La Vitrine, elle ancre l’étape dans un moment suspendu : pas encore l’arrivée, mais déjà la traversée. La boussole augmentée devient un œil intérieur — celui du bâton, du paysage, et de la marche elle-même.
📍 Localisation : Arrêt de bus, route D403, à l’entrée sud de Nemours (près du hameau de Fromont)
Abri de fortune sous une fresque d’enfance — prise à 11h11, cette photo documente une halte nécessaire dans la pluie. L’abri de bus devient lieu de rituel : pause, protection, silence vibrant. Les vêtements sèchent lentement, les pieds se reposent. Tout est coloré, comme si la pluie avait réveillé les murs. Ici, dans l’entre-deux, je ne suis plus tout à fait marcheur ni tout à fait arrêté. Je suis suspendu.
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