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Sensation physique : ☀️ souplesse tranquille
Climat intérieur : 🎈 joie douce, avec des éclats d’étrangeté
Rencontres :
L’Argentin, vieil homme sociologue : « Tu vas où, toi ? »
Un tilleul qui m’a accordé sa permission
Un troupeau de vaches blanches, qui m’a suivi en bord de clôture jusqu’à l’orée de La Tuilerie
Objets récoltés :
Image mentale : un tronçon de prairie qui avance comme un train
Une scène d’herbe en glissement halluciné
Inattendu :
Les vaches m’ont accompagné, excitées, comme un cortège amical à travers la barrière
Idée-force : Le paysage aussi peut te suivre quand tu marches juste.
Résonance intérieure : « Appelle-moi l’Argentin. »
Écho de la veille : Après les lames du temps, surgit le cortège vivant
Cette douzième étape entre Chevagnes et Saligny-sur-Roudon aura été placée sous le signe d’une étrange douceur, presque irréelle. 30 kilomètres de marche fluide, sans tension, comme si le chemin lui-même s’était aplani pour m’accompagner.
À Dompierre-sur-Besbre, un vieil homme m’interpelle soudainement sur le trottoir :
« Tu vas où, toi ? »
C’était à la fois tranchant et paisible, comme une convocation du réel. Il portait un cabas, avançait lentement. Nous avons parlé. Il m’a confié qu’il avait 80 ans, qu’il était écrivain, un peu sociologue. À la fin, il m’a dit :
« Appelle-moi l’Argentin. »
Et nous avons échangé nos numéros. Il m’a offert son hospitalité dans un rayon de 50 kilomètres. Je l’ai remercié, puis j’ai repris la marche.
Un peu plus loin, au bord de la route, un grand tilleul m’attendait. Il projetait son ombre comme une bénédiction. J’ai mangé mon sandwich lentement, en silence.
Avant de m’asseoir, j’ai demandé intérieurement la permissan. Il me l’a accordée.
Mais c’est juste avant La Tuilerie que le réel a basculé dans le burlesque surréaliste : un troupeau de vaches blanches, en me voyant, s’est mis à me suivre. Elles galopaient en parallèle derrière leur clôture, le long de la prairie, comme si j’étais leur berger provisoire. J’ai ri. Elles m’ont accompagné jusqu’à la lisière, puis se sont arrêtées net, certaines comme figées, les yeux brillants.
Peut-être étions-nous ensemble dans une autre version du monde, un monde où même les bêtes pressentent la trace.
Je retiens cette phrase aujourd’hui :
Même le paysage peut choisir de te suivre.
RD
« Même le paysage peut choisir de te suivre. »
Sous ce tilleul, à la sortie de Dompierre-sur-Besbre, j’ai fait halte pour le déjeuner. L’arbre m’a offert son ombre paisible et son ancrage silencieux. Avant de m’asseoir, j’ai demandé la “permissan” — et je l’ai reçue. Le cadrage en Réalité Augmentée inscrit ce moment dans ma cartographie sensible : 38,52 km à vol d’oiseau me séparaient alors de ma destination finale, la Galerie La Vitrine à Marcigny.
Un peu avant l’arrivée, une scène étrange s’est produite : un fragment du paysage s’est mis à glisser, comme une locomotive invisible. Les vaches, calmes et curieuses, m’ont suivi tout le long d’une clôture, puis se sont arrêtées net, comme figées dans une énigme. J’ai capturé ce moment dans une vidéo transformée par IA : un bout de réalité qui se déplace comme un rêve. Le bocage lui-même semblait vouloir marcher.
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