Performance continue (2009 - 2012) qui consiste à portraitiser systématiquement mes « amis » de Facebook à partir de leur photo de profil (ceux qui le désirent évidemment) et cela par un triple mouvement : prélèvement, projection, restitution. Lʼimage prélevée fait alors une percée dans le monde tridimensionnel : elle est accueillie dans lʼatelier sous forme de projection sur une membrane picturale. Cette pellicule de lumière est criblée, texturée puis capturée et enfin rendue à son écosystème Facebookien. La cristallisation s'opère dans la rencontre entre l'image, pellicule et véhicule de lumière, et la membrane, texture colorée. Et ce, à travers un processus de modulation de cette matière-lumière vers un instant pictural. Une capture de matière-temps sous forme d'analogon : elle a comme source une autre image et elle atteste de l'état de la membrane à un instant T. Par ce triple mouvement, l'image opère une mutation qualitative. En effet, elle a perdu des particules pour en gagner d'autres : moins de précision plus de texture sans modifications de rapports. Ce portrait réalité, est tagué, sourcé, ce qui lui confère une forme dʼubiquité et une filiation. D'une part, il est simultanément sur le journal de mon ami et du mien, d'autre part, il est relié à son image source, c'est-à-dire à la photo de profil de mon ami. C'est ce portrait en partage qui incarne le lien. Les portraits ainsi liés sont organisés dans des albums en fonction de l'évolution de leur charge virale (bouton jʼaime, commentaires, partage... A noter par ailleurs, que je nʼinterviens jamais dans ces interactions). Le tout formant une constellation d'analogons en circulation continue dans un dispositif de vase communicant et de chaises musicales, soumis aux rencontres et aux interactions aléatoires. De sorte que dans l'agora Facebookiene, ces portraits peuvent devenir des lieux de liens.