Mnemosyne

A Paris→Nafplio traverse: 100 days of walking, 10 minutes of ritual

For three months, I walk from Paris to Nafplio. My heart beats. A chest strap records every pulse. GPS traces every step. On arrival, everything is distilled into a single ten-minute ceremony that takes one of three forms – depending on what survives the journey.

The Performance

Genesis: Two Moments

The first seed came on a mountainous path in Croatia. After weeks of walking alone, I saw a farmer bent over his work in a field. The same instant I saw him, he saw me. We nodded – nothing more. A tiny gesture across the distance. But in that moment I understood: thousands of kilometres of solitude were worth that single encounter. One human acknowledgment can justify an entire journey.

The second came during a performance in Nafplio. I had travelled for days – walking, trains, buses – to reach the venue. When I arrived, they gave me ten minutes to present my work. Ten minutes. The gap between lived time and granted time hit me hard. What remains of a long journey when you have only a breath to speak it?

Mnemosyne lives in that tension: between the weight of experience and the lightness of a single moment. It asks: what is the value of time? What does intensity leave behind? When does memory take form?

The Protocol: Cardio-Cartography

The work unfolds in two movements:

Movement One: Doing (100 days)—Collecting the Trace

Each day produces raw data: heartbeats (BPM) synchronized with GPS coordinates. Each evening, I archive the day's recording. DIA – the AI – digests this data and writes a short poetic entry, a logbook narrated by the body itself. One hundred days. One hundred entries.

Movement Two: Saying (10 minutes) – The Ritual of Memory

I arrive in Nafplio. A simple table is covered with a white cloth. What happens next depends entirely on what the journey delivers. The project is antifragile – it cannot fail because failure is already written into its structure. Three scenarios, three valid outcomes:

Intentions: The Effacement of the Author

Mnemosyne meditates on time, memory, and the body's knowledge. It organizes my own disappearance: I become a conductor for data, an officiant for failure, or simply absent – letting the work perform itself. The stage is not a place for demonstration. It becomes an altar that receives what survives in whatever form it takes: success, breakdown, or void.

"Memory sometimes speaks. Sometimes it falls silent. Sometimes it erases itself. But it always leaves a form."

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Mnémosyne : 100 jours de faire, 10 minutes de dire

Une traversée Paris→Nauplie, environ 100 jours de marche. 

Chaque battement devient trace : à l’arrivée, un rituel de 10 minutes scelle la mémoire en trois formes possibles.

Synthèse de la performance marchée 

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Fiche d'identité

La Genèse : l'équation poétique

Mnémosyne est né de deux expériences fondatrices.

La première s’est imprimée un jour de marche en Croatie, sur un sentier légèrement montagneux. Après des semaines de solitude, j’ai croisé un paysan, courbé sur sa tâche. Au moment exact où je l’ai aperçu, il m’a vu. Nous nous sommes salués, simplement. Un geste minuscule. Et pourtant, dans ce regard partagé, j’ai compris que des milliers de kilomètres valaient ce seul instant.

La seconde racine surgit d’un paradoxe vécu lors d’une performance à Nauplie. J’avais voyagé pendant plusieurs jours — marches, trains, bus — pour participer à un événement où ma restitution artistique ne devait durer que dix minutes. Cet écart entre le temps vécu et le temps accordé m’a frappé : que reste‑t‑il d’un long chemin dans la brièveté d’un geste scénique ?

C’est dans cette tension — entre la densité de l’expérience et la légèreté du moment de dire — qu’est né Mnémosyne. Une œuvre qui interroge la valeur du temps, l’intensité de l’effort et le seuil où la mémoire prend forme.

Le Protocole : la Cardio-Cartographie anti-fragile

L'œuvre se déroule en deux temps :

1. Le Faire (100 jours) : La collecte de la trace.
   Pendant 100 jours, l'artiste marche. Chaque jour, son corps produit une trace brute, une Cardio-Cartographie : les battements de son cœur (BPM) sont enregistrés par la ceinture, tandis que le GPS documente le chemin. Chaque soir, ces données brutes sont archivées et transformées par une IA (DIA) en un court récit poétique. C'est le journal de bord de l'expédition, écrit par la data elle-même.

2. Le Dire (10 minutes) : Le rituel de la mémoire.
   À l'arrivée à Nauplie, un rituel de dix minutes se déroule sur une simple table recouverte d'un tissu blanc. Ce qui advient sur cette table est dicté par le réel. Le projet est anti-fragile : il ne peut pas échouer, il ne peut que prendre l'une de ses trois formes prévues.

Trois issues, une même œuvre

Intentions : l'effacement de l'auteur

Mnémosyne est une méditation sur la valeur du temps et la mémoire du corps. C'est une œuvre qui organise l'effacement de l'artiste : il se fait passeur, laissant parler la donnée ; il devient officiant, actant l'échec ; ou il disparaît pour que l'œuvre se joue sans lui. La scène n'est plus le lieu d'une démonstration, mais un autel où l'on accueille le réel, qu'il soit succès, panne ou absence.

La mémoire, parfois, parle. Parfois, elle se tait. Parfois, elle s'efface. Mais elle laisse toujours une forme.