Au-delà des mots tracés sur les murs, la ville est un théâtre de signes. Chaque jour, elle compose une partition visuelle faite de gestes conscients, de hasards objectifs et d'accidents poétiques. « Intentions Urbaines » est une collection de ces instants où le réel devient signifiant.
L'intention ne réside pas toujours dans le geste originel – le graffiti, l'affiche ou la fissure. Elle naît le plus souvent dans mon propre regard de martiste. C'est mon attention qui transforme : un geste de travailleur en chorégraphie, un déchet oublié en totem précaire. L'intention, c'est l'intensité que je décide d'accorder à ce que je croise.
C’est le deuxième acte du triptyque « Gestes de Paris » : Lire.
Mais ici, lire n'est pas seulement déchiffrer. La marche devient un protocole de révélation. Je ne suis plus seulement lecteur des signes, mais aussi leur traducteur et parfois leur source. Mon smartphone, cet atelier mouvant, ne scanne pas que la « parole collective » ; il traque l'énergie qui se fige dans une forme, le moment où la matière se met à parler.
Qu'un message soit délibéré, un agencement fortuit ou un geste involontaire, mon regard lui confère une direction, un poids. C'est cet acte de nomination par l'image qui constitue l'« intention urbaine ».
Cette archive numérique est un sismographe de l'inconscient de la ville, mais aussi du mien. Chaque « intention » capturée est le témoin d'une résonance, d'une énergie qui a traversé un lieu, un corps ou un objet avant de rencontrer mon regard. C'est une tentative d'écouter non seulement les murmures et les cris, mais aussi les rythmes silencieux du monde, qui attendent une conscience pour exister pleinement.
Ridha DHIB