Ce travail fait référence à un rite, plus précisément au « Tawaf (aṭ-ṭawâf, en arabe: الطَواف), la circumambulation, désigne les sept tours effectués par les musulmans autour de la Kaaba, lors du pèlerinage (hajj) à La Mecque... ».
J’ai tracé sur la carte de la ville de Sousse 7 cercles autour de la Grande Mosquée. Les rayons des cercles font respectivement 100, 200, 300, 400, 500, 600, et 700 m, en partant du centre de la mosquée. J'ai converti et extrait une trace GPS des 7 cercles tracés. J'ai soumis par la suite cette même trace à Google Street View et Google Maps pour une « circumambulation » autour de la Grande mosquée.
J’ai aussi converti la trace GPS des 7 cercles en fichier texte, et obtenu un document contenant 486 lignes de coordonnées géographiques. J’ai soumis ce même document à un logiciel de synthèse vocale pour lecture. La voix est masculine et en arabe (Majed), sa vitesse de lecture (normale) est de 24 secondes environ par ligne. Donc, le temps nécessaire à la voix pour lire l’intégralité du document est de 3h 20 environ.
Dans ce dispositif, « l' œil » de Google Street View parcourt et donne à voir les 7 cercles. Alors que le marqueur de Google Maps suit la trace. Il fait office de « marcheur ». « L'œil » de Google Street View suggère la présence de la Grande Mosquée à travers l’absence de sa propre image. Alors que le traceur « marcheur » de Google Maps tourne autour d'un centre lisible mais pas visible.
D'autre part, en égrenant dans une sorte de « tasbih » les coordonnées géographiques des 7 cercles parcourus par Google Street View et Google Maps, le logiciel de synthèse vocale réactualise la trace GPS sous forme de « liturgie algorithmique ».
Dans cet agencement, ce que « l’œil » de Google Street traduit en images, le traceur « marcheur » de Google Maps le parcourt comme un derviche tourneur. Tandis que la « bouche » du logiciel de synthèse vocale le psalmodie. C’est ainsi qu'émerge une hybridité rythmée : trace audible, lisible, et visible. Tel est le Tawaf algorithmique.