Fluctuations élémentaires


Fluctuations élémentaires est un travail de recherche et de création, mené entre juin et septembre 2015 autour du moteur de recherche Google Image. Il vise à questionner le rapport du concept à son image en mettant en exergue leur écart dynamique. C’est une veille quotidienne qui tend entre autres à montrer la flottaison généralisée des signes et du sens. Ce travail interroge aussi la dimension « liquide » de ce flux d'images à travers l'agencement des résultats et la visualisation des fluctuations quotidiennes des termes indexés par le moteur de recherche.


Concrètement, à partir d'un smartphone (iPhone 5), le travail consistait à taper un certain nombre de termes sur la barre de recherche de Google Images. Puis, de prendre des captures d'écran des résultats obtenus, et cela quotidiennement. C'est ainsi qu’en tapant quotidiennement le terme « eau » sur la barre de recherche, nous obtenons un renouvellement relativement fréquent de l’image « eau ». Une suite de nuanciers d’images correspondant à l'indexation du terme recherché. C’est une sorte de fluctuation du cours de l'eau au quotidien à travers la variation des images capturés. Le rythme de ces variations témoignent avant tout de l'intensité de la « discussion » autour du terme « eau ». Une bataille d'images en quelque sorte, pour imposer la plus conforme au terme recherché. Ce dissensus continu entre le terme recherché et son image, révèle la vitalité du concept à travers la richesse et la variété du nuancier d'images obtenues. Et cela se traduit par une forme de « liquidité » de l'image. Et comme l'a très bien montrer Frédéric Kaplan :


« C’est ainsi que nous pouvons voir comment les fluctuations du marché sont marquées par les changements de saison (les mots «ski» et «vêtements de montagne» ont plus de valeur en hiver, «bikini» et «crème solaire» en été). Les flux et les reflux de la valeur du mot «or» témoignent de la santé financière de la planète. »


Certes le résultat d'une recherche sur Google Images est le fruit d'une indexation par un algorithme. Il n'en demeure pas moins que toute image est le résultat d’un ensemble de choix - avant l'indexation de l'image il y a des choix humains, donc des points de vue -. Et chaque point de vue est une touche qui participent à générer une mosaïque dynamique. Un impressionnisme numérique formant un tableau liquide potentiellement infini. Révélant ainsi un flux sans corps, multiple et singulière.

Est-ce le signe de l'activité d'un inconscient collectif ?


Ridha Dhib


GIF par ici